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đŸŒČ Le conservatisme de l’immaturitĂ©


Le rire sans racine,

masque l’enfant qui refuse —

la forĂȘt l’attend.


La mise en scĂšne du refus de grandir

Il existe aujourd’hui, en France, une forme de rĂ©bellion qui n’en est plus une.

Un théùtre du “je m’en fous” permanent, oĂč le grotesque devient marque de fabrique et oĂč la paresse se fait passer pour libertĂ©.

C’est le rĂšgne du sale gosse professionnel, celui qui confond authenticitĂ© et absence de profondeur.

ZawaProd en est le symptÎme le plus pur : la provocation sans pensée, le rire sans racine.

On y cĂ©lĂšbre la vulgaritĂ© comme une victoire culturelle, on s’amuse d’ĂȘtre bĂȘte comme si c’était un acte de courage.

Mais cette rébellion-là ne renverse plus rien : elle conserve.

Elle conserve l’immaturitĂ© comme modĂšle de vie.

Le conservatisme du rire creux

Sous le vernis du “je dis tout haut ce que les autres pensent tout bas”, il y a un refus plus grave : celui d’évoluer.

Rire de tout devient un moyen de ne rien affronter.

On joue au provocateur comme l’enfant joue avec ses excrĂ©ments : non pour comprendre le monde, mais pour attirer le regard.

“Rester dans l’esthĂ©tanerie — vivre de la pose, de l’attitude sans contenu — devient une stratĂ©gie de survie.”

Ce n’est pas de la libertĂ© : c’est une peur.

Peur de grandir, peur d’approfondir, peur de devenir.

Ce n’est plus l’humour du sage, mais celui du fuyard.


Les maĂźtres trahis

Kant appelait à sortir de la minorité.

Nietzsche voyait dans l’enfant l’esprit libre — non pas l’infantile, mais le crĂ©ateur.

Arendt avertissait : quand le divertissement devient norme, il asphyxie la pensée.

Et Debord, bien avant les plateformes, avait vu que la rĂ©volte sans fond n’est qu’un produit de plus dans le spectacle.

Ceux qui revendiquent aujourd’hui la bĂȘtise comme esthĂ©tique se croient libres, mais ils ne font que reproduire la forme la plus douce de la soumission : celle qui s’ignore.


Ceux qui savaient rire pour grandir

Rabelais riait gras, mais pensait haut.

Breton et DalĂ­ dĂ©liraient, mais pour libĂ©rer l’inconscient.

Camus aurait pu s’enliser dans l’absurde, il en a fait une Ă©thique.

IAM ou Oxmo Puccino ont gardĂ© la gouaille du gamin, mais l’ont Ă©levĂ©e au rang de sagesse.

Le problùme n’est pas de rire — c’est de ne plus savoir pourquoi.

Choisir l’évolution

Il y a dans le mot “grandir” quelque chose d’impopulaire.

Parce qu’il suppose de renoncer à la posture. De transpirer, de douter, de se taire parfois.

Mais grandir, c’est aussi crĂ©er.

C’est transformer le jeu en art, le cri en parole, la provocation en sens.

“Le vrai rebelle n’est pas celui qui reste enfant pour toujours,

mais celui qui ose devenir adulte sans cesser de crĂ©er.”

La forĂȘt attend.

Et ceux qui y entreront, sans masque ni micro, trouveront peut-ĂȘtre la seule chose que le rire ne donne jamais : la profondeur.

Jouer Ă  choquer,

ou grandir dans la lumiùre —

choix d’un vrai rebelle.