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Lettre aux féministes

“J’écris cette lettre parce que j’ai souvent eu cette discussion de vive voix. Ceux qui me connaissent savent que ma démarche est bienveillante, que je cherche à ouvrir le regard, pas à enfermer. J’aime sortir des bulles idéologiques, prendre du recul, et parfois dire des choses rafraîchissantes, même si elles bousculent. C’est dans cet esprit que je m’adresse ici aux féministes.

Votre combat est noble.

Il a permis des avancées réelles : droits, libertés, protections.

Il a arraché des victoires que personne ne devrait jamais minimiser.

Mais il y a quelque chose qui m’interroge, et parfois m’attriste :

votre prisme est devenu votre prison.

Regarder le monde uniquement à travers le filtre du rapport de domination hommes/femmes,

c’est passer à côté de l’épaisseur réelle des choses.

C’est comme si chaque problème devait être tordu jusqu’à rentrer dans ce cadre.

Or, la réalité est plus large, plus sale, plus plurielle :

il y a des guerres, des inégalités de classe, des logiques économiques, des violences systémiques,

qui dépassent largement le genre.

Parfois, vous appelez “patriarcat” ce qui n’est que la dure loi des relations humaines.

Chez les hommes aussi, si tu ne t’imposes pas,

si tu n’oses pas prendre ta place,

les autres ne te respectent pas.

Ce n’est pas toujours une question de sexe :

c’est une question de force intérieure, de confiance, de courage.

Accuser un système abstrait, c’est parfois oublier que ce problème est partagé par tous,

et que l’apprentissage de l’affirmation de soi n’a pas de genre.

Il y a aussi un autre piège : la victimisation.

À force de se dire opprimée, on finit par s’habituer à ce rôle.

Et rester dans la posture de victime, c’est rester dans la dépendance.

Le combat mérite mieux que ça : il a besoin de puissance, pas de faiblesse cultivée.

Et puis il y a la bulle idéologique.

Quand un mouvement ne parle qu’avec lui-même,

il finit par perdre de vue le réel.

Toutes les luttes souffrent de ce travers.

Mais l’histoire n’avance pas par l’entre-soi : elle avance par le dialogue,

par le frottement des différences,

par l’alliance des forces.

Toutes les grandes personnes de l’histoire étaient bien entourées.

C’est une loi simple : on ne gagne jamais seul,

on gagne par la complémentarité.

Hommes et femmes, fragiles et forts, semblables et différents :

c’est dans l’entrelacement des qualités que se construit une victoire.

Et peut-être qu’au fond, nous n’avons pas besoin de “féminisme” ou de “-ismes”.

Quand on reconnaît l’autre, quand on le voit vraiment,

quand on dialogue et qu’on se complète,

alors la question ne se pose plus.

Elle devient naturelle.

L’humain est capable du pire, oui.

Mais il est aussi capable du meilleur :

communication, reconnaissance, alignement.

Et quand il est dans ce meilleur,

tout va bien.